Créer un site internet
Collectif du 10 Mai pour la Mémoire de l'Esclavage - Montpellier

Femmes dans la lutte contre l'esclavage

Chloé COOLEY

 

 

 

Chloe cooley

- Chloé COOLEY -

 

On sait peu de choses sur Chloé Cooley, une esclave dans le Haut-Canada. Sa lutte contre son « propriétaire » a précipité l'adoption de la Loi visant à restreindre l'esclavage dans le Haut-Canada en 1793. Il s'agissait de la première loi à restreindre la traite des esclaves dans les colonies britanniques.

Chloé Cooley était une femme noire réduite à l’esclavage par le sergent Adam Vrooman. Le 14 mars 1793, il attache brutalement Chloé Cooley sur un bateau et la transporte de l’autre côté de la rivière Niagara, dans l’état de New-York, pour la vendre. Elle lui oppose une résistance farouche, au point où deux hommes doivent lui venir en renfort.

Son enlèvement est considéré comme un facteur clé dans la Loi contre l’esclavage.

Son sort tragique témoigne des difficultés rencontrées par les esclaves noirs au Canada et dans le monde atlantique et de leurs diverses manières de résister à leur condition de servitude.

La désobéissance de Chloé Cooley a mobilisé l'attention et ainsi précipité la réforme législative. La Loi a été la première et la seule mesure législative de l'Empire britannique à restreindre l'esclavage. 

En 1833, la Loi visant à abolir l'esclavage dans l'ensemble des colonies britanniques ; à promouvoir l'industrie des esclaves libérés ; et à compenser les personnes jusqu'ici en droit de recourir aux services de ces esclaves (connue plus tard sous le nom de Loi abolissant l'esclavage) abolit l'esclavage dans tous les territoires britanniques, dont le Canada, à partir du 1er août 1834. On célèbre alors la liberté en cette journée désignée aujourd'hui comme le Jour de l'émancipation ou le « Premier août ».

On ne sait pas où Chloé Cooley est allée après mars 1793. Néanmoins, « son sort est un témoignage de la lutte des Noirs asservis au Canada et dans le monde atlantique et aux diverses manières dont ils ont résisté à leur servitude ».

Après avoir été vendue, Chloé Cooley n'a jamais été revue.

Harriet TUBMAN

 

 

Harriet tubman 1

- Harriet TUBMAN -

 

 

Harriet Tubman, née Araminta Ross de parents esclaves, vers 1820 dans le Maryland est une militante en faveur de l'abolition de l'esclavage Afro-Américain. Ses actions, qui permirent l'évasion de nombreux esclaves, lui valurent le surnom de Moïse noire, Grand-mère Moïse, ou encore Moïse du peuple Noir.

Modesty, la grand-mère maternelle de Tubman, arriva aux États-Unis sur un navire négrier en provenance d'Afrique ; aucune information n'est disponible sur ses autres ancêtres. Enfant, on raconta à Tubman qu'elle était d'une lignée Ashanti (de l’actuel Ghana) mais aucun élément n'existe pour vérifier cette affirmation.

Sa mère Rit est cuisinière pour la famille Brodess. Son père Ben supervise le travail du bois sur la plantation. Ils se marient vers 1808 et selon les dossiers de la cour et ont 9 enfants ensemble.
La mère d’Harriet travaille dans la « grande maison » des maîtres, et Tubman prend donc très tôt soin de ses jeunes frères et sœurs. Elle endure des années de traitements inhumains de la part d'autres maîtres. Suite à une grave blessure à la tête, Tubman développe une foi passionnée en Dieu. Comme nombre d’esclaves à cette époque, elle rejette l'interprétation des Écritures traditionnellement utilisée par les esclavagistes pour exhorter les esclaves à être obéissants et puise son inspiration dans les récits de l'Ancien Testament qui évoquent la libération, comme celui de Moïse guidant les Juifs hors d’Égypte. Après son traumatisme crânien, elle commence à avoir des visions et des rêves qu'elle interprète comme des signes divins.


Jeune adulte, elle prend le prénom de Harriet, probablement en l’honneur de sa mère. Aux alentours de 1844 elle épouse John Tubman, un homme libre.
En mars 1849, Craignant d’être revendue, Harriet prend sa propre émancipation en mains. Elle effectue de nombreux allers et retours au Maryland pour aider d’autres esclaves à s’échapper, ce qui lui vaut le surnom de «Moïse». Sa carrière de conductrices de fugitifs commence par la libération de membres de sa famille. Selon ses propres estimations, et celles de ses proches collaborateurs, elle a personnellement guidé aux alentours de 70 esclaves vers la liberté pendant 13 expéditions. Elle ne fut jamais capturée et selon ses propres mots «jamais ne perdit un passager». Elle fournit des instructions détaillées à beaucoup d’autres qui veulent s’échapper.

Pendant la guerre de Sécession en 1861, elle sert comme cuisinière et infirmière, préparant des remèdes à base de plantes locales et aidant les soldats qui souffrent de dysenterie. Elle soigne des hommes atteints de la variole, sans contracter elle-même la maladie, ce qui contribua à nourrir la rumeur qu’elle était bénie de Dieu.


En 1863, Lincoln met en œuvre la Proclamation d'émancipation qui déclare libre tout esclave résidant sur le territoire de la Confédération sudiste. Tubman considère cette décision comme une étape importante vers la liberté de tous les Noirs. Elle renforce son engagement dans le conflit en prenant la tête d’un groupe d’espions qui opère dans les terres environnant Port Royal. 


Son succès est dû à sa grande intelligence, son astuce, son audace et son caractère impitoyable, qu’elle met au service de plans très bien établis pour ses expéditions. Elle s'appuie sur la communauté noire, très soudée, pour l’aider à ramener sa famille, ses amis durant ses missions au Maryland. 


Après la guerre de Sécession et l'abolition de l'esclavage aux États-Unis en 1865, Harriet Tubman devient une militante pour les droits des Afro-Américains et des femmes. Elle travaille en particulier à promouvoir la cause du suffrage féminin. À une femme blanche qui lui demandait si elle croyait que les femmes devraient avoir le vote, elle répondit qu’elle avait «assez souffert pour le croire». Elle oriente ses actions dans la lutte contre le racisme et le mouvement en faveur du droit de vote des femmes. A New York, Boston et Washington elle participe à des conférences en faveur du droit de vote des femmes, voulant démontrer que les femmes méritaient d’accéder aux droits politiques. Pendant et après la guerre de Sécession elle met en avant le sacrifice des innombrables femmes qui avaient œuvré en faveur de la nation américaine. 


Finalement, à cause de son arthrite et de sa santé fragile, elle emménage dans l’hospice pour Afro-Américains âgés et malades qu’elle avait elle-même contribué à fonder. Il était construit sur un terrain qu’elle avait acheté, jouxtant sa propriété d’Auburn. Elle y meurt en 1913, après avoir raconté ses mémoires jusqu’au dernier jour. Elle reçoit les honneurs militaires au cours de son enterrement, et une plaque à sa mémoire est placée sur le tribunal du comté de Cayuga, à Auburn. De nos jours, la mémoire d’Harriet Tubman est honorée chaque 10 mars, jour de sa mort.


Son souvenir est formellement honoré aux États-Unis depuis une directive présidentielle du 10 mars 1990 et son portrait figure sur le billet de 20 dollars américains, faisant d'elle la première femme noire ainsi distinguée.

 

Hariet

 

 

Marie-Josèphe ANGÉLIQUE

 

 


Marie joseph angelique

- Marie-Josèphe ANGÉLIQUE -

 

Montréal a été territoire esclavagiste durant 200 ans. Le personnage symbolisant cet état de fait, est Marie-Josèphe Angélique, esclave noire torturée, pendue et brûlée après avoir été reconnue coupable d’incendie criminel au terme d’un procès alambiqué.

Le samedi 10 avril 1734, vers 19h, lorsqu’un incendie se déclare, rue Saint Paul, dans le grenier de la résidence de Thérèse de Couagne. Le brasier se propage et, en quelques heures, détruit 46 des 387 immeubles de la ville, dont l’Hôtel-Dieu, hôpital récemment reconstruit. Il n’y a pas de morts, mais des centaines de personnes se retrouvent sans toit.

Très vite, les soupçons se tournent vers Marie-Josèphe Angélique, esclave chez Mme de Couagne depuis 9 ans. La jeune femme âgée de 29 ans, est née à Madère, au Portugal.
N’aurait-elle pas mis le feu à la résidence de sa propriétaire qui songeait à la vendre à un homme de Québec qui, à son tour, voulait l’envoyer travailler aux Antilles ?

C’est la rumeur qui court en ville au moment de son arrestation, le lendemain de l’incendie. On a dit aussi qu’elle avait pris la fuite après l’incendie.
Le procès dure 6 semaines. Plusieurs témoins comparaissent, mais aucun n’est capable de faire la preuve formelle de la culpabilité de l’accusée. 

Marie-Josèphe Angélique est condamnée à l’amputation de la main droite et à être brûlée vive au bûcher. En appel devant le Conseil supérieur du Québec, sa peine est « atténuée ». On ne lui coupera pas la main et elle sera pendue avant d’être brûlée. 
Avant, on lui arrachera des aveux sous la torture des brodequins, appareil servant à broyer les jambes. Le lundi 21 juin 1734, Marie-Josèphe Angélique est embarquée dans un tombereau à immondices et amenée devant l’église paroissiale pour faire amende honorable. Elle est exécutée sur une place publique près des lieux ravagés par l’incendie.

« L’histoire de Marie-Josèphe Angélique est aujourd’hui un symbole de la résistance des Noirs et de la liberté. Elle est aussi révélatrice de la façon dont on percevait les esclaves à cette époque. »

Marie-Josèphe Angélique nous rappelle que la famille montréalaise est constituée depuis des siècles de Noirs. Sa vie nous révèle des facettes cachées de notre histoire. 
Cette esclave forte, rebelle et éprise de liberté fait partie de notre répertoire de femmes québécoises qui ont dit “Non !” aux atteintes à la dignité humaine. »
Après l’exécution de Marie-Josèphe Angélique, ses cendres furent dispersées au vent. 

 

Lumina Sophie dite Surprise

 

 

Lumina sophie 3

- Lumina Sophie dite Surprise -

 

Lumina Sophie dite Surprise, naît le 5 novembre 1848, juste après l’abolition de l’esclavage, en Martinique au Vauclin à l’habitation La Brou sous le nom de Marie Philomène Sophie, fille de Marie Sophie dite Zulma. Peu après le patronyme donné à sa mère et à elle-même sera celui de Roptus. La famille de Surprise est majoritairement composée de femmes et sa grand-mère, Reine Sophie, veille à la gestion du « jaden boy Kay » où s’activent sa mère et ses tantes pendant que les hommes dans le « jadin nèg » cultivent des gros légumes de caféiers, cacaoyers et de bananiers. 

A la mort de sa grand-mère, la famille se disperse. Surprise à 6 ans. Zulma sa mère se retrouve à la tête d’une famille monoparentale. Zulma a plusieurs cordes à son arc, elle est couturière, cultivatrice, marchande et journalière sur les habitations voisines. Surprise, apprend la couture, accompagne sa mère au marché, et lors des récoltes de la canne à sucre et du café. 
Au début de l’année 1870, Surprise a 21 ans, c’est une résistante dotée d’une forte personnalité. 

Son concubinage avec Emile Sidney, libre de couleur d’avant l’abolition de l’esclavage, contribue à lui donner un regard averti sur le quotidien des populations rurales imposées inéquitablement, méprisées et écartées de l’instruction.

En 1870, Léopold Lubin, un noir du Marin , membre d’une famille d’entrepreneur de travaux publics est lourdement condamné. A cette affaire s’ajoute l’affaire Code. 
Les habitants des campagnes sont en colère contre les provocations de Code et de l’injustice faite à Lubin. Lumina, est solidaire du mécontentement populaire. En septembre 70, on la retrouve avec les autres manifestants-es, hurlant la libération de Lubin.

Lumina est arrêtée le 26 septembre 1870 à Régale sur l’Habitation Eugène Lacaille, et sera incarcérée au Fort Desaix.
Son premier procès se tiendra du 17 mars au 17 avril, où on la présente comme une femme qui cherche à dominer les hommes, comme la « flamme de la révolte », comme la « reine de la compagnie, la plus féroce, la plus terrible des chefs de bande, la maniaque de l’incendie. ». On ne retient pas contre elle l’accusation de complot, ni le commandement de troupes armées. Elle est relaxée le 17 avril de ce chef d’accusation mais d’autres charges pèsent sur elle.

Le 28 avril 1871 elle accouche, à la prison centrale de Fort de France, d’un garçon que l’administration pénitentiaire nomme Théodore Lumina. L’enfant est immédiatement séparé de sa mère et meurt à 14 mois, à la prison de Fort de France, le 10 juillet 1872. Le 2éme procès de Lumina se déroulera du 22 mai au 8 juin 1871. Elle sera punie, pour révolte contre l’aristocratie des planteurs, pour blasphème, pour avoir menacé les hommes, pour vouloir les dominer et pour avoir mis le feu à 3 habitations.

Le 8 juin 1871, Lumina est condamnée aux travaux forcés à perpétuité pour incendie et participation active à l’insurrection. Elle est contrainte d’épouser 7 ans après, Marie Léon Joseph Félix un bagnard, paysan originaire du nord de la France. Elle meurt d’épuisement, de maladie et de mauvais traitements, le 15 décembre 1879 à Saint Laurent du Maroni. Elle est alors âgée de 31 ans.

 

la Mulâtresse Solitude

 

 

 

Solitude

- Solitude -

Le peu que l’on sait de la Mulâtresse Solitude provient de quelques lignes de l’ouvrage Histoire de la Guadeloupe, rédigé par Auguste Lacour au milieu du 19e siècle.
La mulâtresse Solitude (vers 1772-1802), figure historique de la résistance des esclaves noirs de la Guadeloupe et fait partie des femmes dite   « fanm doubout ».

Née vers1772, Solitude est la fille d’une esclave africaine, violée par un marin sur le bateau qui la déportait aux Antilles. L'enfant est mulâtresse, et la couleur de sa peau est un incessant rappel de l’avilissement de sa mère.

Rosalie Bayangumay, métisse d'autant plus séduisante que ses yeux sont de couleur différente, devient la «cocotte» de Xavière, la fille de son maître. Solitude fut affectée comme compagne de jeu des filles du maître.

D'abord docile et respectueuse, Rosalie songeant à sa mère, en vient peu à peu, à souhaiter se révolter comme elle. Vendue, revendue, elle paraît indifférente à son destin, et à ceux qui lui demandent son nom, elle répond : «Avec la permission, maître, mon nom est Solitude».

En 1794, elle connaît l’abolition de l'esclavage. Un jour, assistant à la descente sur l'habitation d'une bande de marrons guadeloupéens regroupés autour du «Moudongue Sanga» (un leader marron), elle décide de les rejoindre, fidèle à cette révolte héritée de sa mère et de son sang nègre.

Malgré sa couleur de peau, elle réussit à s'intégrer à la communauté qui est située à Goyave. Enfin libre, Solitude s’épanouit. Grâce à son autorité naturelle, elle s’impose peu à peu comme une meneuse auprès des Marrons.

Parmi les Marrons, Solitude rencontre un homme avec qui elle se lie d’affection. Après quelques années d’un amour apaisant, elle tombe enceinte.
Elle participe à tous les combats livrés par les marrons et, dans une sorte de transe, se jette avec fureur sur les blancs sidérés par son courage ou son inconscience. 

En 1802, Napoléon Bonaparte rétablit l'esclavage en Guadeloupe, Solitude se rallie à l'appel de Louis Delgrès et combat à ses côtés pour la liberté. Survivante de la bataille du 8 mai 1802, elle est exécutée par pendaison le 29 novembre, le lendemain de son accouchement.

Solitude est une maîtresse femme. Sa légende est née de son courage

Elle s'est vainement battue pour éviter une vie d'esclave à l'enfant qu'elle portait en elle.

Figure féminine des insurgés de 1802 en Guadeloupe, la Mulâtresse Solitude incarne les femmes et les mères des Caraïbes qui se sont battues en faveur de la défense des idées de liberté et d’égalité dans le contexte du système esclavagiste.

 

Taytu Betul (Lumière de l’Éthiopie)

 

 

Taytu betul

- Taytu Betul -

Taytu Betul (Lumière de l’Éthiopie) est née vers 1851. Troisième enfant d’une famille de quatre, elle est issue d'un milieu aristocratique lié à la dynastie salomonide (elle descendrait de la lignée impériale issue du Roi Salomon et de la Reine de Saba à travers son grand-père le Dejazmach Haile Maryam). Elle est une noble de l'Empire éthiopien (1889–1913) et la femme du Negusse Negest Menelik II.

Taytu était une femme lettrée, fière de sa lignée du Yejju, du Semien et du Bégemder. Elle représentait, à la Cour, le courant conservateur qui résistait aux progressistes qui voulait développer l'Abyssinie sur les modèles occidentaux en modernisant le pays. Profondément méfiante vis-à-vis des véritables intentions européennes par rapport à son pays, elle joua un grand rôle dans la polémique autour du traité de Wuchale. 

Elle était partisane de la ligne dure face aux Italiens, et lorsque ceux-ci décidèrent d'envahir l'Empire éthiopien, elle marcha avec le Negusse Negest et l'armée impériale, à la tête d'une force de canonniers afin de participer à la bataille d'Adoua où les Italiens furent battus. Elle était très réputée pour son caractère autoritaire. 

En1890, Taytu Betul déclare, « Vous voudriez faire passer l’Éthiopie sous votre protectorat, mais il n’en sera jamais ainsi. »

Vers 1906, l'état de santé de Menelik II l’empêchant de régner facilement, Taytu commença à prendre des décisions en son nom. Ses rivaux, issus du Choa, du Tigray et du Wollo n'appréciaient guère cette attitude qu'ils rattachaient à une prétendue xénophobie en raison de ses origines gondariennes. En 1910, elle fut forcée de quitter le pouvoir.

Chargée de s'occuper uniquement de son mari, elle disparut de la scène politique. Menelik II et Taytu n'ont eu aucun enfant. Elle continua de vivre à Entoto, en novembre 1917 et demanda la permission de se rendre à Gonder où elle voulait vivre ses derniers jours. Sa requête fut rejetée.

Elle décède le 11 février 1918 et repose dans le monastère Taeka Negest Ba'eta Le Mariam à Addis-Abeba, au palais Ménélik, dans le même mausolée que Menelik II, son mari.

Taytu Betul, Reine et avant-dernière Impératrice d’Ethiopie, fine diplomate, s’est érigée comme l’un des personnages clés de son époque pour s’être opposée aux desseins coloniaux italiens dans son pays.

C’est elle qui fait de Addis-Abeba, la capitale d’Éthiopie en 1890.

 

La reine Anne Zingha

 

 

La reine zingha

 

- La reine Anne Zingha -

La reine Anne Zingha est la fille du huitième roi de Matamba, en Afrique centrale. Elle a dirigé le Royaume d’une main de fer jusqu’à sa mort, à l’âge de 82 ans. Son long règne est marqué par
d’innombrables luttes internes et une relation houleuse avec les Portugais. Elle constate avec effroi l’asservissement d’une partie de son peuple. Les esclaves étaient parqués comme des bêtes au port de Luanda et près de la moitié d’entre eux mourrait de malnutrition et de mauvais traitements avant même leur transfert sur les bateaux négriers. Luanda avait la réputation d’être un des plus grands ports de traite et un des plus brutaux. Selon les données des expéditions négrières, près de 40 % des déportés africains seraient issus de l’Angola et du Congo.

La reine Zingha parvient alors à obtenir le recul des troupes étrangères au-delà des frontières antérieurement reconnues et le respect de la souveraineté du Matamba. À la fin de la négociation, les Portugais ont proposé que le territoire libre de la reine soit mis sous la protection du roi du Portugal, ce qui aurait en réalité signifié le paiement d’un impôt consistant en la livraison de 12 à 13 000 esclaves par an à l’administration coloniale.

La reine Zingha refuse catégoriquement cette proposition. Elle obtient gain de cause et règne alors sur la dernière partie libre du pays jusqu’à sa mort.

La reine Zingha fut la dernière souveraine à régner sur l’Angola. Les Portugais interdirent la traite en 1836.

 

- Extrait de l’exposition Dix Femmes Puissantes - Courtoisie du Mémorial de l’abolition de l’esclavage de Nantes, France -

Les femmes de Nder

 

 

 

Femme nderFemmes nder 2

- Femmes NDER -

Nder (ou N'Der ou Ndeer) est un village du nord du Sénégal, situé sur la rive occidentale du lac de Guiers. A cette époque, le Walo était une province prospère située à l’embouchure du fleuve Sénégal. Ses habitants, de paisibles cultivateurs, vivaient du commerce avec les caravaniers du commerce transsaharien et avec les gens de Saint-Louis, première capitale coloniale du Sénégal, où ils écoulaient leurs denrées agricoles.


Les Maures ne cessaient d’accentuer leur pression contre le Walo, qu’ils voulaient faire passer sous leur contrôle, afin d’empêcher la région de tomber sous domination européenne.
Un jour, un cri d’effroi troubla la quiétude du lieu. « Les Maures ! Les Maures sont là ! Ils arrivent !  Ils s’apprêtent à traverser le fleuve et viennent vers notre village ! »

Les Maures avaient repris leurs razzias dans le Walo pour s’approvisionner parmi les autochtones. Hommes, femmes et enfants seraient arrachés à leurs familles pour être vendus comme esclaves aux riches familles d’Afrique du Nord. 


Les femmes décidèrent d’organiser la résistance avec les soldats demeurés sur place. les enfants cachés dans les champs avec les aînés, elles se revêtirent de boubous et de pantalons bouffants, les cheveux dissimulés sous des bonnets d’homme. Elles s’étaient munies de coupe-coupe, lances, gourdins et même de vrais fusils qu’elles s’apprêtaient à manier pour la première fois, sous la direction de Mbarka Dia, la confidente de la linguère (reine) Faty Yamar.


« Femmes de Nder ! Dignes filles du Walo ! Redressez-vous et renouez vos pagnes! Préparons-nous à mourir ! Femmes de Nder, devons-nous toujours reculer devant les envahisseurs ? Nos hommes sont loin, ils n’entendent pas nos cris. Nos enfants sont en sûreté. Allah le tout puissant saura les préserver. Mais nous, pauvres femmes, que pouvons-nous contre ces ennemis sans pitié qui ne tarderont pas à reprendre l’attaque ? » « Oui mes sœurs. Nous devons mourir en femmes libres, et non vivre en esclaves. Que celles qui sont d’accord me suivent dans la grande case du conseil des Sages. Nous y entrerons toutes et nous y mettrons le feu… C’est la fumée de nos cendres qui accueillera nos ennemis. »


Amazones d’un jour, ces femmes se battirent avec l’énergie du désespoir. Servantes, paysannes, aristocrates, jeunes, vieilles, toutes s’engagèrent, animées de leur seul courage, dans la terrible confrontation avec l’ennemi.


En novembre 1819, à Nder, des femmes à bout de résistance, ont consenti le sacrifice ultime pour leur patrie, au nom de l’honneur, de la dignité et de la liberté. Enlacées à l’intérieur d’une case, elles s'immolèrent collectivement en entonnant des berceuses pour se donner du courage, plutôt que de tomber entre les mains des esclavagistes maures et Toucouleurs.

C’est un silence de mort qui accueillit les hommes arrivés trop tard au secours du village. Toutes les femmes de Nder avaient péri. Sauf une.

 

Sojourner Truth

 

 

 

Sojourney truth

 

 

Née de parents esclaves dans l’État de New York vers 1797 dans l'ancienne colonie hollandaise du comté d'Ulster, au sein d'une famille de 13 enfants, elle ne parle que le néerlandais lorsqu'elle est vendue à l'âge de 11 ans.

Sojourner Truth est le sobriquet qu’on a donné à partir de 1843 à cette abolitionniste noire américaine. Son véritable nom était Isabella Baumfree, même si certaines sources la nomment Isabella Van Wagener.

En 1827, elle s'enfuit de la ferme de John Dumont, son troisième maître, pour trouver refuge au Canada avec Sophie, la plus jeune de ses filles, alors enfant en bas âge, car son maitre refusait de la libérer après l'abolition de l'esclavage dans l'État de New York.

En 1841, elle s'installe à Northampton, dans le Massachusetts. En 1843, Isabella est inspirée par une révélation spirituelle qui change le cours de son existence. Isabella Baumfree change son nom et devient Sojourner Truth.


Dès lors, elle fait des prêches à Long Island et dans le Connecticut, en annonçant la "vérité divine du salut de l'âme". Ses mémoires sont publiées en 1850, sous le titre : "Narrative of Sojourner Truth : A northern slave (traduit par "L'histoire de Sojourner Truth, une esclave du Nord").

Dès lors, elle devient une fervente défenseur de la cause abolitionniste et du mouvement des droits des femmes.

En 1857, Sojourner Truth se déplace dans le Michigan, où elle continue à défendre sa cause. Durant la Guerre de Sécession, elle organise des collectes de vivres pour les combattants des régiments noirs combattant pour l'Union, et s'installe à Washington, D.C. après la promulgation de la proclamation d'émancipation, afin de travailler avec d'anciens esclaves.

Elle rencontre le président Abraham Lincoln en 1864.

Après la guerre civile, Sojourner Truth s'attache à faciliter la recherche d'emplois des réfugiés noirs. Elle fait aussi de nombreuses apparitions publiques où elle s'adresse en majorité à un public blanc. Dans ses discours, teintés de religion et de féminisme, elle défend l'idée de la création d'un État noir dans l'ouest des États-Unis.

 Sojourner Truth retourne dans le Michigan en 1867 et meurt à son domicile de Battle Creek (Michigan), le 26 novembre 1883.

Sanite Bélair

 

 

 

 

Sanite belair

- Sanite Bélair -

Rebelle et soldat qui s’est battue pour la révolution haïtienne avec son mari, Charles Bélair - Vers 1781 – 1802 - Haïti

Peu d’archives évoquent les diverses façons dont les femmes ont contribué à la révolution haïtienne qui aboutit le 1er janvier 1804 à la création de la République d’Haïti. Pourtant, en août 1791, lorsque les esclaves de Saint Domingue se soulèvent, des femmes participent à l’insurrection et aux combats armés. Certaines sont au coeur de la stratégie conçue par Toussaint Louverture pour organiser des guérillas contre les Français dans les territoires intérieurs de l’île.

Aux côtés de Sanite Bélair, de nombreuses femmes telles Défilée (appelée également Dédée Bazile), ou encore Claire Heureuse, épouse de Jean-Jacques Dessalines, se sont illustrées par leur bravoure et leur courage.

Sanite, surnom de Suzanne, était une jeune affranchie. En 1796, elle épousa Charles Bélair, neveu, aide de camp et lieutenant de Toussaint Louverture. Elle participe aux côtés de son époux
aux combats de 1802.
Lors d’une attaque surprise contre les troupes de Charles Bélair, dont la plupart était partie en quête de renforts et de munitions, Sanite fut faite prisonnière. Désespéré, Charles se rendit. Le couple fut condamné. Le tribunal colonial « considérant le grade militaire de Charles et le sexe de Sanite, son épouse, condamna ledit Bélair à être fusillé et ladite Sanite, sa femme à être décapitée ».

 

Extrait de l’exposition Dix Femmes Puissantes - Courtoisie du Mémorial de l’abolition de l’esclavage de Nantes

 

 

La reine NANNY

 

 

 

Reine nanny

- La reine Nanny -

 

Marronne (esclave fugitive), chef rebelle qui créa une colonie de marrons Vers 1686 – 1733 Jamaïque

La reine Nanny, une Ashanti née au Ghana vers 1686, est emmenée en Jamaïque comme esclave alors qu’elle n’est encore qu’une enfant. Elle est vendue à Saint Thomas Parish, où les esclaves travaillaient jour et nuit sur les plantations de canne à sucre.

Après avoir fui la plantation avec ses frères, elle crée une communauté de marrons avec son frère Quao. Vers 1720, ils prennent le contrôle de la région des Blue Mountains et la rebaptisent Nanny Town.

C’est là qu’elle rencontre son futur mari, Adou. Nanny Town occupait une position stratégique qui rendait toute attaque britannique difficile. Afin d’avertir ses guerriers de tout danger imminent, Nanny faisait sonner la fameuse corne appelée abeng.

La reine Nanny fut une importante figure spirituelle et une grande stratège militaire. Elle avait adopté les tactiques de guérilla et ordonnait à ses guerriers de se déguiser en arbres et en buissons pour tendre des embuscades aux soldats britanniques. Elle avait aussi organisé un commerce basé sur du troc qui permettait de faire vivre sa communauté.

Entre 1728 et 1734, Nanny Town et d’autres communautés de marrons furent sévèrement attaquées par les forces britanniques.

La reine Nanny aurait été tuée lors de l’un de ces combats en 1733. L’esclavage est aboli à la Jamaïque en 1833 après de grands soulèvements d’esclaves.

 

Ajouter un commentaire